Une expérience spirituelle du Mouvement

Il existe une voie pour trouver son Souffle. Non pas l’unique souffle respiratoire, mais notre Souffle total, issu des nombreuses activités et élans vitaux qui font et défont corps et mémoires, qui fondent le destin – ce vers quoi l’on tend, ce qui nous attend – et qui forment comme un courant. Comme le parfum d’un hier, d’un aujourd’hui, de demain.

Moine Taoiste en Méditation assise, 19ème siècle

Si le Souffle existe , c’est qu’il est déjà là. Il suffit alors de le contacter pour démarrer un dialogue illimité. Qui commence par le geste le plus simple, le plus naturel. Fermer les yeux ou contempler, écouter simplement, répéter un geste avec attention… Tout est bon. Et alors la vie la plus simple développe son caractère unique.

Pour la civilisation chinoise, le Souffle, l’Esprit c’est Qi 氣 , la réunion du riz nourrissant 米 , solide, créateur d’autre, présent sur le plan sensible. Et de la vapeur subtile 气 , mobile, symbole des choses presque inaccessibles, perceptibles par la trace laissée de leur mouvement, contraste de leur absence ou de leur présence.
Du dense au subtil -et l’inverse aussi- l’Esprit est, c’est à dire qu’il s’incarne et qu’il se transforme simultanément, en route vers un quelque part mystérieux. Il ne s’agit pas en premier lieu de comprendre la destination, mais de participer au voyage, de vivre selon son rythme propre. De sentir en soi son mouvement, de reconnaître son sillage intrinsèque, présent à chaque instant, pulsant, vibrant, demeurant. Et de constater alors que ce sillage s’accorde avec tous les mouvements du monde, comme un recul immense sur sa condition propre, quelle que soit la place que l’on aie vraiment en ce monde phénoménal.

Ueshiba Morihei, Fondateur de l’Aikidô
L’image d’un guerrier tourné vers le Ciel

Mon expérience, c’est que le mouvement est un espace/temps: dans cet espace/temps, se trouve l’apprentissage et la reconnaissance. Conscience qu’il y a en l’homme une profondeur comme une grandeur illimitées. La gestuelle occasionne cette rencontre de mon mental jeune, vieux de quelques décennies, vers le bord d’un abîme a priori sombre, mais en vérité n’attendant que ma présence pour s’illuminer.
De ce mariage entre le récent et l’ancien, surgit le présent, lieu de tous les possibles. Et le futur change, se modifie, s’aborde dans un regard neuf d’un soi renouvelé.
Cela semble un discours poussif, un vocabulaire New Age? Parler d’une activité physique douce comme de quelque chose de spirituel en fin de compte, après les efforts, après la forme?
Pourtant, le mot spiritualité trouve sa racine étymologique dans spiritus en latin et le sens de spiritus est proche du mot « Souffle ». D’un souffle à un autre alors peut être, dans un Art du Mouvement qui permet à son pratiquant de contacter toutes les dimensions de son être.
D’aller des racines animales de la spontanéité aux contemplations les plus élevées de l’esprit.


A tous ceux que ce texte touche, je vous souhaite une bonne pratique et un merveilleux voyage quotidien.

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